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Commanderie Saint-Jean


Commanderie Saint-Jean-des-Prés de Montbrison

La commanderie a été acquise  par La Diana en juillet 1998 afin de sauvegarder  le plus  vieil édifice de Montbrison, même si la chapelle, le seul bâtiment restant de l’ensemble, ne donne qu’une image très partielle de l’ensemble.

La commanderie Saint-Jean-des-Prés de Montbrison appartenait à l’Ordre Hospitalier de Saint-Jean-de-Jérusalem.

L’ordre Hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem

En 1095, le pape Urbain II lance l’appel à la première croisade lors du concile de Clermont.

Le 15 juillet 1099, les chrétiens prennent la ville de  Jérusalem. Les pèlerins vont alors arriver de plus en plus nombreux en Terre sainte. Par conséquent, il apparaît nécessaire aux Chrétiens de garantir la sécurité  des pèlerins entre le lieu du débarquement et Jérusalem mais aussi de les accueillir, les soigner…d’où la création d’un hôpital. Les moines qui en eurent la charge arborèrent sur leur robe noire la croix blanche à 8 pointes.

La règle des Hospitaliers est adoptée en 1113, ils se transformèrent progressivement en  ordre militaire à partir des années 1120, tout en conservant leur vocation hospitalière.

A partir du XIIe siècle, les Hospitaliers reçoivent de nombreuses donations et multiplièrent leurs possessions dans toute l’Europe. Afin de les gérer, l’Ordre s’organisa progressivement, et en 1327 apparurent les « Langues » ou « Nations », quadrillant l’ensemble des possessions européennes, elles mêmes divisées en « Grands-Prieurés ». A la base se trouvaient les commanderies, petites circonscriptions territoriales implantées dans des lieux stratégiques, afin d’assurer au mieux leur fonction.

Une commanderie  est un ensemble de bâtiments à visées agricoles composés de logis comprenant cuisine, réfectoire et dortoir et de communs avec ateliers, granges,  écuries, étables, moulins… Les Hospitaliers étant avant tout des religieux, il existe aussi une chapelle plus ou moins importante et une salle du chapitre. Certaines de ces commanderies, suivant leurs implantations, pour convenir aux règles de l’Ordre intègrent,  un hôpital pour soigner les « chers malades » ou les frères blessés au combat et souvent  une hôtellerie, sur les chemins de pèlerinage, pour accueillir les pèlerins de passage ou les frères trop âgés pour le combat. Ces ensembles fonciers tiennent à la fois de la ferme de rapport et du monastère. Les commanderies étaient des lieux de recrutement et un lieu de production pour les besoins des Hospitaliers en Orient.

La commanderie Saint Jean-des-Prés de Montbrison est l’une de ses maisons et étaient le siège de la langue d’Auvergne. Installée dès la deuxième moitié du XII e siècle, elle connaîtra son plus grand essor économique au cours du XIIIe  siècle avant de décliner progressivement. Quant à sa date de fondation, elle reste incertaine mais on peut penser que Guy II en est l’instigateur.

La commanderie se situe à l’extérieur des remparts, elle devait sûrement accueillir les voyageurs arrivés après la fermeture des portes de la ville. Montbrison était un lieu de passage des pèlerins et un carrefour commercial. Toutefois  l’accueil des malades reste incertain pour la commanderie de Montbrison puisque durant la même période un hôtel-Dieu et une léproserie existaient déjà pour la ville et ses environs.

 

Le bâtiment

La structure de la commanderie est mal connue, car plusieurs bâtiments ont  été détruits. Ce que nous savons c’est qu’autrefois, la commanderie  formait un fer à cheval autour d’une cour ouverte à l’ouest. La chapelle fermait le côté nord, une porte aménagée dans le chœur permettait d’accéder aux bâtiments résidentiels situés au centre, au sud se trouvaient les communs (moulin, écurie, pigeonnier). La présence de corbeaux sur le mur sud de la chapelle indique l’existence d’un cloître ou d’une galerie. La chapelle est un édifice orienté ouest-est. Il comporte deux parties distinctes : une nef romane (XIIe siècle) et un chœur plus tardif (XIVe-XVe).

La chapelle est construite selon un modèle architectural sobre voir militaire. Le portail ouest, aujourd’hui muré, est de style roman à triples voussures. Le tour de la porte est entouré d’un avant-corps en légère saillie qui forme un encadrement presque carré. Au-dessus de ce portail, se trouve une fenêtre cintrée qui éclairait la voûte à l’ouest. Il possédait peut-être un clocher-peigne comme le montre le dessin de Martellange en 1611. Le portail ouvre sur une nef à trois travées bien visibles grâce aux contreforts.  Elle a dû être construite dans la 2e moitié du XIIe siècle, peu de temps après la fondation de la Commanderie. L’appareillage extérieur, en granit, est particulièrement soigné, surtout sur la façade ouest. Les murs extérieurs de la nef sont renforcés par des contreforts entre lesquels sont percées de petites fenêtres en plein cintre.

La voûte primitive de la nef, en pierre, a du s’effondrer très tôt. Elle a été remplacée au XVIIIe siècle par une toiture lambrissée. Les fermes de la charpente s’appuient sur les départs des arcs doubleaux.

Sur les murs latéraux de la nef, au départ de la voûte, se trouve un bandeau peint : il s’agit d’une frise de rinceaux en grisaille du XVIIe siècle, cette frise recouvre une autre frise, nettement plus ancienne peut-être du XIIIe siècle représentant également des rinceaux ornés de feuilles et de fleurs mais cette fois-ci de coloration vive (jaune, orange, vert).

Un blason de commandeur également du XVIIIe siècle, orne le tympan intérieur du porche occidental.

Sur le mur nord de la nef, se trouvent les traces de 2 chapelles funéraires datant du XIIIe siècle.

Le chevet actuel est une reconstruction du XVe, il s’agit d’un chevet plat avec une grande baie étroite de 7 m de haut. Une peinture murale à l’intérieur permet de dater la construction.

L’ogive du chœur est intacte elle se termine par une clef sculptée en corbeille de feuillage.

Une crédence encastrée dans le mur sud est bien conservée.

Suite à sa vente en 1793, la chapelle a été complètement transformée. Devenant propriété  privée, elle a perdu sa vocation cultuelle. La nef utilisée comme garage ou grange a vu certaines de ses ouvertures romanes transformées en fenêtres carrées. Le chœur a été divisé en plusieurs logements, les baies furent comblées et transformées en ouverture permettant un meilleur éclairage des appartements. La brique est le matériau des transformations ; heureusement les traces de l’architecture d’origine sont encore visibles.

La chapelle de la commanderie, bien que mutilée et perdue au milieu de constructions récentes garde un intérêt historique et archéologique par son architecture encore bien lisible et  par la présence de peintures des XIIIe et XVIIe siècles.

Les travaux pour sa sauvegarde continuent.

Crédits et remerciements

Ce parcours du patrimoine de la ville de Montbrison est le fruit d’une collaboration entre les services de la ville, les associations patrimoniales : Amis des Thermes, de Sainte Eugénie, Amis de la colline du calvaire, Pays d’Art et d’Histoire, des passionnés d’histoire de Village en Forez, sous la coordination de Jeanine Paloulian adjointe au patrimoine. Remerciements particuliers à l’office du tourisme Loire Forez, Pierre Drevet, Michèle Bouteille, Mme Brunet qui ont contribué à l’écriture.

Photos : Ville de Montbrison, Dronereporter42, Archipat, Archives municipales (fonds Fayard) Loire Forez agglomération, Aquarelle Jean-Claude Golvin.